Château Mansenoble
RENCONTRES VIGNERONNES
Château Mansenoble
Connaissez-vous Alexander Chekalin et Tatiana Korolchuk ?
Venus de Lettonie pour produire le vin de leurs rêves, ces deux associés, installés au Château Mansenoble, ne tarissent pas d’éloge sur la qualité des vins de Corbières. En l’absence de Tatiana, c’est Alexander qui répond à nos questions en présence de ses 2 enfants, Daniel et Anastasia.
Que faisiez-vous avant de créer du vin dans les Corbières ?
Tatiana et moi vivions à Riga, la capitale de la Lettonie, et étions déjà associés. Nous vendions des vins en provenance du Sud de la France et du Nord de l’Espagne à des clients répartis dans les trois pays baltes (Lettonie, Estonie et Lituanie). Nous connaissions bien le marché de cette région, et apprécions particulièrement les vins du Sud de la France.
A quoi est dû un tel changement de vie ?
Notre rêve commun était de devenir un jour vignerons en France. Nous avons toujours eu une faiblesse pour les vins français, car ce sont à notre sens des vins complexes dotés d’un équilibre quasi parfait.
Et pourquoi avoir choisi les Corbières en particulier ?
Durant les 7 ou 8 ans passés à vendre du vin dans les pays baltes, nous avons remarqué que nos clients trouvaient que les vins du nord de la France n’étaient pas assez charpentés, sans doute à cause du climat. Quant aux vins du Nord de l’Espagne, ils étaient souvent jugés par nos clients comme ayant une belle charpente, mais manquant d’acidité, ce qui les rendait lourds et peu digestes. Ce sont les vins du Sud de la France, surtout ceux produits dans les Corbières, qui avaient le plus de succès ! Car ici, il est possible de trouver cet équilibre délicat à obtenir, entre un vin très charpenté et une belle acidité.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous installer au Château Mansenoble en particulier ?
Le Château Mansenoble était l’un de nos clients alors que nous travaillions à Riga. Lorsque les anciens propriétaires nous ont annoncé qu’ils avaient décidé de prendre leur retraite, Tatiana et moi nous sommes dits que nous tenions là l’occasion rêvée de faire exactement le vin que nous aimions… Les avantages étaient nombreux : le domaine possède exclusivement de vieilles vignes âgées de 55 à 75 ans, donc les raisins ont un goût formidable. Puis on s’entendait très bien avec l’ancien propriétaire, malheureusement décédé cette année au mois de mai. C’était un homme très bon et intelligent qui, pendant 5 ans, nous a beaucoup aidés et conseillés. Enfin, je pense que le vent du nord est un allié précieux. A la manière d’un « tube d’aspirateur », les Corbières sont balayées par ce vent sec presque sans discontinuer tout au long de l’année, et les vignes se trouvent ainsi naturellement débarrassées des éventuels parasites.
Quelle est votre gamme de vins ?
Notre gamme rouge comporte 3 vins, tous très différents l’un de l’autre.
- La cuvée Montagne d’Alaric est nommée ainsi car les vignes dont elle est issue sont situées au pied de la montagne. Il s’agit d’un vin très typique de la région : un assemblage de Grenache, Carignan et Syrah, non passé en barrique.
- La cuvée Réserve est le fruit d’un assemblage de Mourvèdre, Syrah, Grenache et Carignan, et elle est passée en fût de chêne.
- Enfin, Le Nez est élaboré à base de cépages venus d’autres régions : le Merlot et le Cabernet.
Précisons aussi de tous les 5 ou 6 ans environ, les années où les conditions sont excellentes, nous sortons une cuvée exceptionnelle baptisée Marie-Annick, d’après le prénom de la femme de l’ancien propriétaire. Avec leur autorisation, nous avons souhaité maintenir cette tradition pour leur rendre hommage en quelque sorte…
Produisez-vous aussi du rosé ou du blanc ?
Il y a 3 ans, nous avons commencé à produire du rosé, mais en très faible quantité (1000 bouteilles par an environ) afin de mettre au point, progressivement, un produit qui nous satisfait entièrement. Il est déjà en vente et face à une demande croissante, nous allons augmenter la production.
Enfin, où en êtes-vous au sujet de la labellisation environnementale ?
Nous sommes prêtes pour le label HVE. Je ne sais pas si nous allons avoir le temps de recevoir la certification cette année… Mais nous faisons déjà tout ce qui est exigé dans le cahier des charges, donc ce sera pour l’an prochain au plus tard !