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RENCONTRES VIGNERONNES

Château du Vieux Parc

Guillaume Panis est vigneron au Château du Vieux Parc. Pionnier de l’HVE3 en Corbières, il multiplie les démarches en faveur de l’environnement.

Quand il a une minute de battement entre une nouvelle plantation et une nouvelle cuvée, il rêve d’embaucher, pour pouvoir mieux concentrer ses forces sur la commercialisation.

Il nous reçoit à Conilhac-Corbières avec sa femme Elodie, sa complice à la vie comme à la vigne…

Aviez-vous comme projet de vie de devenir vignerons tous les deux ?

Pas du tout ! Pour moi, c’est une vocation. Je suis la 6ème génération d’une famille de vignerons. J’ai donc fait des études de viticulture et œnologie à Bordeaux, puis roulé ma bosse jusqu’en Australie pour voir ce qui se faisait. Elodie et moi nous connaissions déjà avant que je vienne travailler sur le domaine familial, mais elle était employée de banque et n’avait jamais envisagé la vigne… C’est quand ma mère a pris la retraite que je lui ai proposé de me rejoindre. Cela m’a fait plaisir qu’elle accepte ! C’est dans l’esprit de la maison : nous avons 70 hectares de vignes mais restons un domaine familial, à dimension humaine.

 

Quand avez-vous commencé à travailler sur le domaine ?

Peu après mes études. Cela fait 15 ans que je suis sur le domaine, mais 5 ans seulement que j’en suis le gérant. J’ai débuté en tant que tractoriste, avant de monter les échelons un par un.

 

Quelle est la production du domaine ?

Nous sortons 180 000 bouteilles par an, dont la moitié est commercialisée en France et l’autre à l’export.

 

Comment se présente votre vignoble ?

Nous avons de multiples îlots disposés tout autour du village. Cette répartition s’est révélée fort utile lors de la gelée cette année… Cela nous a permis de sauver quelques parcelles, notamment les vignes AOC Corbières, exposées plein Sud, qui poussent sur les coteaux.

 

Votre gamme de vins semble très étendue à en juger par le nombre de bouteilles…

Nous avons beaucoup de bouteilles exposées dans la vitrine mais ceci est simplement dû au fait que les packagings sont différents pour la France et pour l’export… Par exemple, on sait que les Chinois aiment l’or à chaud et les châteaux sur l’étiquette, que les Allemands préfèrent un graphisme plus carré et traditionnel, etc. Du coup, pour satisfaire chaque client, on adapte nos bouteilles en fonction des marchés !

 

Quelle est votre gamme en AOC Corbières ?

La gamme est restreinte et bien structurée : elle ne présente aucun doublon, car chaque vin a une personnalité différente. Au sein de l’AOC Corbières, on distingue 3 gammes :

  • L’Air de Rien, qui se décline dans les 3 couleurs ;
  • La Sélection rouge et la Sélection blanc élevées en fût de chêne;
  • Et enfin nos 2 cuvées haut-de-gamme : Ambroise (assemblage de 80% de Syrah et 20% de Mourvèdre, élevé en fut de chêne neuf pendant 18 mois) et Ethan (même élevage mais avec un assemblage de 80% de Mourvèdre et 20% de Syrah). On ne sort pas forcément ces 2 cuvées la même année… Cela dépend de la qualité de la récolte. Nous ne faisons pas de très gros volumes mais ce sont des produits plus prestigieux qui plaisent beaucoup.

 

Pourquoi les noms Ambroise et Ethan ?

Ambroise est le nom du fils ainé de ma sœur, et Ethan de mon fils ainé…

Nous avons 70 hectares de vignes mais restons un domaine familial, à dimension humaine.

Comment se caractérise votre gamme L’Air de Rien ?

  • Le plus gros de la production concerne L’Air de Rien rouge : 80 000 bouteilles par an, sur 180 000 en tout ! C’est un assemblage de 50% de Syrah, le reste de Grenache et Carignan à proportions égales. Nos Carignans sont vendangés à la main et vinifiés en macération carbonique. Anciens, nous les gardons précieusement ! On adore ce cépage qui apporte des arômes si intéressants.
  • Ensuite, viennent le blanc et le rosé, tous deux secs. Le Blanc est un assemblage de Vermentino et de Roussane, fait avec des vignes jeunes sur des terres sablonneuses, pour une production optimale. En effet, les vignes jeunes apportent fraîcheur et acidité. Il a d’ailleurs obtenu une médaille de bronze au concours Corbières cette année.

Quant au rosé, j’ai un peu modifié celui que faisait mon père en ajoutant du Grenache gris, planté récemment, pour plus de fraîcheur et de fruit.

 

Un mot sur votre gamme Sélection ?

Le rouge se compose de 40% de Carignan, 40% de Syrah et d’un peu de Mourvèdre pour ajouter du fruit et des épices. Le millésime 2018 a obtenu la médaille d’Or au Concours Corbières 2021. Quant au blanc, également médaillé d’Or, il contient du Vermentino et de la Roussanne comme celui de la gamme L’air de Rien, mais cette fois vinifié en fut de chêne neuf, pour gagner en arômes vanillés et toastés.

 

Quels sont les changements entrepris depuis que vous êtes gérant ?

Tous les packagings ont été changés les uns après les autres : les étiquettes sont plus modernes, avec une touche plus personnelle. D’autre part, nous avons sorti en 2018 une nouvelle cuvée originale, 100% Marselan. Pas en Corbières car les vignes ne poussent pas sur les terres AOC, mais je trouve que le Marselan est un cépage qui a beaucoup d’avantages, tant sur le plan gustatif que pour ses vertus coloratrices et concentrées. Il apporte beaucoup d’arômes et de structure. Pour la petite histoire, on a quand même mis près de 3 ans à le sortir car c’est un cépage assez capricieux… La première année, on s’est retrouvé avec un vin à 17-18 degrés ! L’année suivante, au contraire, nous avons vendangé trop tôt… La 3ème année a été la bonne .

 

Quelle est votre démarche environnementale ?

Nous avons été parmi les premiers domaines de l’AOC Corbières à obtenir la certification HVE3. Mon père, en commençant ces démarches il y a 15 ans, alors que je venais d’arriver sur le domaine, m’avait tout de suite confié le dossier. Nous avons commencé avec le label Vitealis, puis migré vers l’agriculture raisonnée. De ce fait, quand la HVE est sortie, nous étions fin prêts : HVE2 d’entrée de jeu, il nous a suffi d’attendre l’audit pour obtenir le niveau 3, en 2017.

 

D’autres initiatives en faveur de l’environnement?

On essaie d’évoluer sur les pratiques du sol… Nous pratiquons la confusion sexuelle depuis 4 ans, avons remplacé les anciens produits par des produits de biocontrôle qui renforcent les défenses immunitaires de la plante. On limite aussi le désherbant, en passant des interceps sur plus de la moitié du vignoble depuis 2 ou 3 ans.

 

Quels sont vos rêves pour la suite ? Que vos enfants reprennent  le flambeau ?

Je viens juste de passer gérant et nos deux garçons ont 4 et 9 ans, donc ce n’est pas encore à l’ordre du jour ! Mais on espère que les marchés reprennent progressivement et que la réputation de l’appellation continue de croître – elle le mérite ! Enfin, sans pour autant agrandir le domaine en superficie, j’aimerais le voir « grandir » : embaucher afin de pouvoir concentrer mes efforts sur la commercialisation, et toucher d’autres marchés. Pourquoi ne pas essayer de gagner le cœur des Américains par exemple ?