Château Ollieux Romanis
RENCONTRES VIGNERONNES
Château Ollieux Romanis
De véritables pépites sortent du Château Ollieux Romanis, notamment grâce à d’exceptionnelles parcelles de grès situées sur le terroir de Boutenac. Pierre Bories nous parle, au nom de son équipe, des valeurs de travail partagées et du travail collectif effectué pour faire des vins de terroir, sincères, respectueux de la nature et qui, chaque année, racontent une histoire différente…
Où se trouve le Château Ollieux Romanis ?
Nous nous trouvons sur le terroir de Boutenac, sur le versant Sud-Est du massif du Pinada.
Quelle est la superficie du domaine ?
Nous avons 60 hectares en production et près de 200 hectares de terres et de garrigue. Le tout d’un seul tenant, ce qui est assez fabuleux. En parallèle de la vigne, nous cultivons des oliviers et accueillons les ruches de quelques apiculteurs. Nous avons aussi une quarantaine de moutons vivant en semi-liberté sur la propriété et produisant quelques agneaux par an. Hormis au printemps et avant les vendanges, ils sont lâchés dans les vignes.
Quelles sont les certifications environnementales du domaine ?
Tout est cultivé en bio. Nous avons effectué les premiers essais en 2005, et basculé tout le domaine en bio en 2015… même les moutons ! Nous sommes également certifiés HVE 3.
Quel est votre rapport avec le Château Ollieux Romanis ?
Le domaine est dans la famille depuis 1867. Il me vient du côté de ma mère, et j’y travaille depuis 20 ans. Bien que le domaine m’appartienne sur le plan capitalistique, ce qui est fondamental est que c’est une équipe qui travaille. Notre marque ombrelle est « Artisan Partisan ». J’ai les mêmes collaborateurs depuis 10 ans. Nous sommes une petite bande de quadras qui ne nous entendons pas trop mal… Nous avons effectué un gros travail de partage de valeurs, et nous sommes réparti les tâches pour qu’il soit à la fois viable et agréable de travailler. C’est cela qui crée de la performance et de la richesse. Aujourd’hui, des jeunes nous rejoignent, avec de jolis CVs et de belles expériences.
Qu’expriment vos vins ?
Nous essayons de faire des vins de terroir, qui possèdent le maximum de sincérité et « racontent » le millésime durant lequel ils ont été faits. Un vin se doit d’être différent d’une année sur l’autre, car la météo varie. Selon ma philosophie, un vin doit raconter d’où il vient et quand il a été fait. Si, en plus, il sait être agréable sur le plan aromatique, alors c’est merveilleux.
Comment décririez-vous vos blancs ?
Nous recherchons aujourd’hui de la minéralité alors que dans le passé, nos blancs étaient généralement plutôt gras et solaires. Ce changement est intervenu il y a environ huit ans. Nous avons modifié nos élevages en passant sur des demi-muids (des barriques de 600 litres), diminué les degrés de ramassage (le blanc 2019 est à 12,5 degrés), intégré des macérations pelliculaires de 48 heures et un travail sur lie. Au final, nos blancs ont une magnifique complexité, avec des niveau de tension et de fraîcheur supérieurs.
Et vos rosés ?
Nos rosés sont très minéraux et élégants, avec des degrés d’alcool très contenus - entre 12 et 12,5. La différence principale entre les deux cuvées provient du terroir : la cuvée classique est faite sur des terroirs variés, alors que l’Alba pousse sur du grès. La notion de terroir nous est très chère et nous la plaçons au cœur de nos méthodes de travail.
Comment avez-vous structuré votre gamme de vin rouge ?
Plus on monte en gamme, plus on entre dans un travail de précision sur les meilleurs terroirs de grès. Un peu comme dans la logique bourguignonne, notre méthodologie de travail est axée sur la parcelle. Chaque année, nous travaillons les mêmes parcelles, et les sélectionnons par rapport à des spécificités techniques très précises.
Quel est l’impact de ces terroirs de grès sur vos vins ?
Les terroirs de grès sont assez rares sur Boutenac. C’est un élément identitaire très fort sur Ollieux Romanis. Ce terroir exceptionnel ne craint pas la sècheresse car le sol est très pauvre et donne naturellement de petits rendements. Il donne des vins très sudistes dans l’approche, avec de la matière et de la concentration, mais aussi avec une acidité et une fraîcheur très intéressantes quand on les laisse s’exprimer. La météo dans les Corbières nous donne naturellement énormément de soleil. Le grès maintient une belle trame acide, donc le vin vieillit très bien et garde une belle fraicheur pour une belle buvabilité. Nos vins ne sont ni opulents ni lourds, mais plutôt puissants et tendus. C’est le grès qui le permet.
Quelles sont vos cuvées rouges parcellaires ?
Les cuvées Atal Sia, Or et Alba sont faites à partir d’une sélection de parcelles de grès, sur le terroir de Boutenac, que nous trouvons exceptionnelles. Leurs raisins ont des propriétés aromatiques vraiment rares. Ces parcelles méritent à tout prix d’être mises en avant !
Pouvez-vous nous dire un mot sur les autres rouges ?
La cuvée Classique et la cuvée Prestige sont moins axées sur le profil de terroir. En effet, nous mélangeons des terroirs. La Classique est notre interprétation de ce qu’est un vin de Corbières. Elle est plutôt sur le fruit, avec une belle concentration, et présente une particularité assez amusante : elle se vend aussi bien dans des pizzerias que dans des restaurants étoilés !
Comment distribuez-vous vos vins ?
Nous vendons 75% à l’export. En Europe, en Suisse, au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Asie… Nous vendons aussi un peu partout en Europe, même en Espagne et en Italie ! En France, nous passons principalement par les cavistes et grossistes.
Comment avez-vous appris à faire du vin ?
J’ai appris auprès de ma mère quand j’étais plus jeune. Elle était viticultrice, et m’a vite intégré dans les travaux de la vigne et de cave. J’ai conduit un tracteur avant de conduire une voiture…
Quelle est votre relation à la nature?
Nous faisons des vins sincères. De ce fait, nous restons sincères dans le parcours technique. 80% de nos vinifications sont faites en nature, avec des levures indigènes. Nous travaillons la vigne avec le minimum d’intrants possible, afin de garder une relation au terroir la plus pure possible. Cela fait partie intégrante de nos valeurs de travail.